Explication du RAISE

A chaque tour d’enchère, le joueur a le choix entre check/fold, call, bet et raise . Trop souvent les joueurs raisent alors qu’ils devraient caller ou même alors qu’ils devraient folder. Avant de raiser, le joueur doit vérifier que les conditions requises sont remplies et évaluer l’impact de sa relance sur ses adversaires.


Avant de raiser , le joueur doit évaluer chacun des facteurs qui déterminent si raiser est ou non justifié. En premier lieu, le joueur doit prendre en compte le fait qu’un adversaire ait, ou non, déjà raisé. Par exemple, une main comme AQo impose en général de raiser après un limper, par contre, il convient dans la plupart des cas de folder AQ après un tight raiser. Ensuite, il faut prendre en compte le nombre de joueurs dans le coup. Si les mains comme 88 sont difficilement jouables contre un ou deux tight early players, il est possible de raiser ces petites paires après 4 ou 5 limpers. En outre, il est indispensable de prendre en compte les standards de relance des adversaires. Si le joueur est très tight et ne raise préflop qu’avec AA, si il limpe UTG, il a au moins JJ/AQs/AKo. Au contraire, un loose raiser a un standard assez bas et raise avec 77/ATs/KQs/…/AJo/…/, face à ce dernier type de joueurs, il est possible de reraiser préflop avec 99/AJs/AQo. D’autre part, il convient d’évaluer si le raise sera ou non respecté et si les joueurs restant à jouer sont susceptibles de reraiser. Face à des joueurs très agressifs, il est possible de limper pour reraiser avec les meilleures mains KK/AKs en tight games et AQs/AKo en loose games. Un cas particulier du raise préflop concerne le raise first in en late position. Ici, c’est le comportement des blinds qui gouvernent le comportement du joueur et l’éventualité d’un raise.


Souvent, spécifiquement aux basses limites, les joueurs raisent sans réelles raisons. D. Sklansky distingue cinq raisons qui peuvent motiver un raise. La première raison qui peut conduire un joueur à raiser est la volonté de grossir le pot. Il s’agit ici du cas du joueur qui pense avoir la meilleure main, dans ce cas le joueur "raise for value", la principale illustration consiste à raiser ou limp-reraiser avec AA. Ensuite, raiser peut être justifié par le souci d’isoler un adversaire. Lorsqu’un joueur dispose d’une main comme 99/AJs/AKo, il a intérêt à raiser pour limiter le nombre d’adversaires et créer des erreurs dans le jeu d’un adversaire qui pourrait caller avec 88/ATs/ et même KQs/AJo D’autre part le raise peut exprimer un semi-bluff. En général, le joueur doit checker ses tirages, mais il convient de raiser les meilleurs tirages, 12 outs ou plus, au flop. En outre, le semi-bluff visant à gagner le pot immédiatement, il est possible de raiser préflop en late position pour voler les blinds même avec des mains comme 77/A9s/KJs/QJs/ATo/KQo. De même, il est possible de raiser pour obtenir une free card. Par ailleurs, il est possible de raiser avec une main qui n’est que la seconde best hand pour contraindre la troisième et la quatrième main à folder, améliorant de ce fait le sort de la seconde best hand. Enfin, -à titre accessoire-, il est possible de raiser pour obtenir des informations sur la qualité des mains des adversaires. Ainsi, il convient de raiser principalement avec la meilleure main pour grossir le pot, avec une main vulnérable pour la protéger et pour obtenir une free card.


Préflop, il convient en général pour un joueur de raiser si il est le premier à jouer ou si les joueurs qui le précèdent ont foldé. En loose games, il est possible de toujours raiser lorsque le joueur est, hors des blinds, le premier à contribuer au pot. En tight games, où les raises sont plus respectés, il convient généralement de limper avec les meilleures mains. Préflop, raiser permet certes de limiter le nombre d’adversaires ou de grossir le pot mais surtout de prendre le contrôle du coup. Après plusieurs limpers, raiser doit être l’option la plus utilisée dès lors que la main gagne plus que son "fair share" ou lorsque la main se comporte mieux si il n’a pas de joueurs supplémentaires dans le coup.

La principale conséquence du raise est de réduire le pot odds des adversaires. En effet au flop, un joueur ayant une bonne main qui reste vulnérable comme la top paire top kicker a tout intérêt à provoquer des erreurs dans le jeu des adversaires. Or, en particulier aux petites limites et en loose games, plusieurs adversaires, des chasers, auront un pot odds suffisant pour caller régulièrement un bet au flop. Et même si caller est incorrect pour ces joueurs, caller un small bet n’est qu’une petite erreur. Alors, raiser le flop permet d’obliger les joueurs sur des tirages à folder ou à commettre des erreurs plus importantes en callant deux small bets. Il faut remarquer qu’en multiway pot, dans de nombreuses situations un joueur ayant une made hand à intérêt à raiser et à ce que les weak draw foldent correctement leur mauvaises mains comme l’a mis en évidence Andy Morton. Par exemple, après avoir raiser préflop après un open-raise du cutoff avec A♥Q◊ au bouton, 4 joueurs se retrouvent au flop Q♣T◊5♠. le cutoff bet et offre à AQs un pot odds de 11 :1. Si AQo se contente de caller, le joueur au small blind se verra proposer un pot odds de 12 :1 qui l’autorisera à caller dès lors qu’il dispose d’au moins 4 outs. Par contre, si AQo raise, le joueur au small blind se verra offrir un pot odds de 6.5 :1 ce qui va obliger le joueur au blind à folder un weak draw. En conséquence, relancer avec la meilleure main permet certes de grossir le pot mais surtout de protéger une main qui reste vulnérable.

A la turn, le raise prend une autre dimension, car désormais les adversaires ne doivent pas caller deux small bets mais deux big bets. Raiser à la turn est indispensable avec les meilleures mains, il est souvent incorrect de sous-jouer la turn. Par ailleurs, un semi-bluff raise est possible à la turn contre des adversaires non agressifs. Dans ce cas, en raisant un tirage qui a plus de 12 outs, un joueur peut obliger un adversaire à folder deux overcards.


Si la plupart des auteurs contemporains sont des défenseurs d’un poker agressif, raiser n’est pas toujours la meilleure solution. D’une manière générale, il n’est pas nécessaire de raiser lorsque l’objectif visé n’a que peu de chance d’être atteint. Ainsi, il n’est pas toujours utile de raiser préflop en loose games hors du raise for value, où raiser pour limiter le nombre d’adversaires n’a que peu de chance de fonctionner. De même, il est préférable de limper en late position si les blinds sont très loose. Par ailleurs, il est possible de se contenter de caller en présence d’un joueur qui bluff fréquemment. En callant, il est possible de maintenir d’autres joueurs dans le coup et, de ce fait, améliorer le pot odds pour les "volume hands". D’autre part, il est possible possible de caller pour maintenir dans le coup les joueurs qu'il sera possible d'outplayed post-flop.


Savoir quand raiser et quand caller est indispensable pour être gagnant sur le long terme. Pour ce faire, il est indispensable de bien prendre en compte les spécificités de chaque tour d’enchère avant de raiser. Enfin, le raise pour gagner de l’information ne doit être utilisé que marginalement.